par Courtney Hallink, 28 Juillet 2020

Traduction par Christine Cayré.

On peut lire l’article par Courtney Hallink ici.

Le 21 Avril 2020, le Président Ramaphosa a annoncé la création d’un fonds de soutien de 500 milliards de Rands en réponse à la pandémie de COVID-19. Le montant annoncé comprend des compléments de revenus pour les personnes qui bénéficient déjà d’allocations ainsi que la création d’une indemnité d’urgence spéciale coronavirus. Cette indemnité d’urgence est versée aux personnes sans emploi qui ne sont pas éligibles à l’indemnité chômage et aux travailleurs informels qui ne peuvent plus exercer d’activité pendant le confinement.

L’annonce du fonds de soutien a fait suite à l’envoi d’une lettre ouverte au Président Ramaphosa signée par un groupe de plus de 75 économistes et autres universitaires qui appellent à l’adoption d’un Revenu Universel de Base. L’Afrique du Sud a déjà un impressionnant système d’allocations, en place depuis bien avant la pandémie et dispose donc de l’infrastructure nécessaire pour effectuer les versements monétaires aux citoyens.

Un peu plus de 30 pour cent de la population et environ 44 pour cent des foyers perçoivent tous les mois une allocation versée et financée par le gouvernement. Malgré l’envergure impressionnante du programme d’allocations sud-africain, les adultes économiquement actifs en sont généralement exclus. Dans le cadre du fonds d’urgence, les adultes en âge de travailler vont percevoir une allocation de 350 rands par mois pendant 6 mois, à compter de May 2020. Le 13 juillet dernier, la Ministre du Développement Social, Lindiwe Zulu a annoncé que le gouvernement avait l’intention de mettre en œuvre un revenu minimum de base à partir d’octobre 2020, date à laquelle le versement spécial coronavirus prendra fin. Un document de travail du Congrès National Africain (ANC) précise que le gouvernement souhaite adopter une politique progressive vers la mise en œuvre du revenu universel proposé. Une des premières étapes consisterait à verser l’allocation aux personnes actives et aux chômeurs âgés de 19 à 59 ans, soit les mêmes personnes qui perçoivent actuellement l’allocation d’urgence spéciale coronavirus. Cela représente environ 13 millions de personnes.

L’étape ultime de cette mise en œuvre progressive serait le versement d’un revenu minimum de base à tous les résidents sud-africains de19 à 59 ans, soit environ 33 millions de personnes. Ce revenu ‘universel’ minimum s’ajouterait au système d’allocations existant au lieu de remplacer les revenus sociaux déjà en place (y compris la pension alimentaire pour les enfants de moins de 19 ans et la pension pour personnes âgées de plus de 59 ans). Cela donnerait effectivement naissance à un revenu universel pour les adultes en âge de travailler tout en maintenant une garantie de revenu minimum ciblée pour les personnes de 18 ans et moins et de 60 ans et plus. Le revenu minimum de base proposé ici ne répond donc pas aux exigences d’un revenu de base universel tel que défini par le BIEN. Néanmoins, il s’agit d’une étape notable vers l’amélioration de la sécurisation du revenu des adultes en âge de travailler en Afrique du Sud.

Cette annonce de revenu minimum de base intervient après plusieurs tentatives infructueuses dans les vingt dernières années d’étendre le système de revenus sociaux aux personnes en âge de travailler. Le premier de ces essais était une proposition de revenu minimum de base qui émanait d’une commission pour la protection sociale désignée par le gouvernement au début des années 2000. Le deuxième fut une proposition appuyée par l’ANC en 2012 qui aurait consisté en une allocation pour les demandeurs d’emploi destinée à toutes les personnes en âge de travailler et qui visait à les soutenir dans leur recherche de travail. Cette proposition n’a pas obtenu le succès attendu et a finalement été abandonnée.

Le document de travail élaboré par l’ANC à propos du revenu minimum de base souligne que ce revenu est une réponse aux retombées économiques causées par la pandémie de COVID-19. Pourtant, comme le rappelle Isobel Frye, de l’Institut d’Etude de la Pauvreté et des Inégalités, cette proposition de revenu minimum de base est en discussion depuis environ 10 mois, soit bien avant la survenue de la pandémie. A ce stade, il est encore difficile de savoir si le revenu minimum de base deviendra une composante permanente du système d’allocations sociales en Afrique du Sud ou bien si ce sera seulement un amortisseur temporaire pendant que le pays se remet des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19.


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